Dans le dernier article on a essayé de vous présenté du mieux possible notre quotidien à l’hôtel mais nous avons omis un détail de poids, à savoir que ledit hôtel se trouve à Tennant Creek. En effet, après avoir travaillé 3 mois dans notre ferme au milieu de nul part nous pensions avoir tout vu de l'Australie reculées mais il s'avère que nous étions loin du compte ! En parlant de compte commençons par quelques chiffres concernant la ville. Avec environ 3000 habitants, dont une moitié d'aborigène, la ville est la 6ème plus grande ville des Northern Territories. Les grandes villes les plus proches sont Alice Springs à 500 kms au Sud et Katherine à presque 700 kms au Nord. Entre Tennant Creek et ces deux villes, rien (ou presque) que du désert à perte de vue... Le décor est posé nous sommes bel et bien au milieu de nul part.


L'isolation nous l'avions déjà subie dans notre ferme du Queensland et cela n'avait pas été vraiment un problème, sauf lorsque la saison des pluies était venue faire des siennes. Malgré tout, rien ne nous avait préparé à une ville comme Tennant Creek. Une atmosphère de misère et de désolation règne en permanence sur la ville et pèse lourdement sur les personnes de passage et qui n'ont bien souvent qu'une envie, repartir. Pour ceux coincés ici, ils ne restent qu'à tenter de s'adapter et de ne pas succomber au malaise ambiant aussi appelé "syndrome Tennant Creek" par l'un des membres de l'équipe. Une ambiance morose qui se combine à l'absence d'activités et le peu d'échappatoire au sein de la ville pour donner un combo pouvant s'avérer vraiment éprouvant pour les nerfs.


Si la ville dégage une telle impression c'est avant tout car elle cristallise en elle tous les échecs liés à la politique de gestion des peuples aborigènes depuis les premiers immigrés européens. La négation des droits de ces peuples et les horreurs qu'ils ont subis pendant de nombreuses d'années ont créé une terreau fertile au racisme, au communautarisme et à la misère qui règnent en ville. Une part importante de la population aborigène est au chômage et essaie de survivre grâce aux aides du gouvernement. On les retrouve errant sans but dans la rue en journée comme de nuit, moment de la journée où il est très fortement déconseillé de se promener seul à l'extérieur. L'alcool et la drogue sont omniprésents entraînant un surcroît de violence. Abandonnée au milieu du désert, la ville ne semble en aucun cas être une priorité pour les différents gouvernement et très peu de mesures sont mises en place pour sortir de l'impasse.


L’hôtel n'est pas non plus épargné par le marasme puisque de nombreux incidents s'y sont déroulés depuis notre arrivée. Il n'est pas rare que des aborigènes viennent la nuit pour tenter de s'introduire dans les voitures afin d'y voler tout ce qui a de la valeur (Matilda a déjà été visité 2 fois). Lors du week-end de Pâques, quelqu'un a réussi à s'introduire à l'intérieur de l'hôtel et voler une partie de l'argent stockée dans le coffre. Il est déjà arrivé plusieurs fois que des enfants tentent de voler des boissons dans le frigo de la réception (dont au moins une fois avec réussite). Enfants qui traînent à plusieurs parfois jusque tard dans la nuit et qui tentent eux aussi de s'introduire dans les voitures ou l'hôtel. C'est ainsi que plus tôt dans le semaine j'ai du sortir de nuit pour faire partir un groupe qui traînait dans l'hôtel. Ceux ci ont finalement décidé d'aller voir ailleurs, non sans avoir lancé quelques pierres et insultes dans ma direction.


Dans de telles conditions, difficile d'avoir le sourire au quotidien et d'avoir une attitude toujours positive (c'est aussi une des raisons qui font que ce blog est au point mort depuis notre arrivée à Tennant Creek). Mais heureusement qu'il n'y a pas que du mauvais dans cette expérience et que nous tenons le coup malgré tout. Il faut aussi reconnaître que le travail nous prend une grosse partie de notre temps et ne nous laisse pas tellement le temps de s'inquiéter du reste. Nous approchons déjà de la moitié de notre séjour ici et il sera très bientôt temps de repartir vers de nouvelles destinations plus vertes et sûrement plus joyeuses.


Daphné & Quentin